L’ombre douce (Nguyen Hoai Huong)

de | septembre 12, 2014

L’OMBRE DOUCE
Roman de NGUYEN HOAI HUONG

ISBN : 9782878585766
Pages : 156.  Prix : 15 €
Editions Viviane Hamy  2013
janvier 2013

Ce roman a reçu le Prix Marguerombre douce ndlite Audoux 2014, le Prix Première-RTBF 2013, le Prix du Salon du Livre de Genève 2013 et le Prix Lire Élire – Bibliothèques pour tous Nord Flandre 2013. 

C’est un premier roman, mais sans doute pas le dernier, tant il est révélateur d’un vrai talent.

L’auteur, vietnamienne élevée en France et titulaire d’un doctorat en lettres, a déjà publié des poèmes. Elle livre ici un roman tragique et poétique à la fois.

C’est l’histoire d’un couple franco-vietnamien emporté par le tourbillon de la guerre. Mai, jeune hanoïenne, fille d’un magistrat, est aide-soignante à l’hôpital Lanessan où sont soignés les blessés de guerre (on est en 1954, dernière année de la guerre d’Indochine). Elle y rencontre un jeune français, Yann, originaire de Belle-Ile-en-Mer, blessé au thorax mais en voie de guérison. Une attirance réciproque les rapproche au milieu de l’indifférence des autres.

Mais bientôt Yann va devoir repartir au combat et Mai, qui a perdu sa mère très jeune et dont le père s’est remarié, est en conflit avec sa belle-mère – qui pousse le magistrat à marier rapidement sa fille à un riche chinois à la recherche d’une « première épouse ».

Mai refuse ce mariage et son père la chasse de chez lui, sans rien lui laisser emporter sauf les bijoux appartenant à sa mère. Elle se réfugie chez

les sœurs du couvent des Oiseaux où elle avait été interne.
…..
Mais ce résumé du livre ne saurait en rendre toute la profondeur et la poésie. C’est pourquoi il faut lire ce texte court, au style dépouillé et élégant. Il y a certes beaucoup de passages tragiques (la description des combats de Dien Bien Phu est poignante) mais la poésie est présente à chaque page. Des poèmes de l’auteur sont souvent intercalés entre les chapitres, poèmes qui font penser aux contes vietnamiens. Mais la double culture de l’écrivain l’amène à citer aussi bien le Kim Van Kieu que Verlaine. Elle, dont le prénom HOAI  HUONG évoque la nostalgie (« se souvenir du pays ») n’a rien oublié des traditions vietnamiennes,  cérémonie du Têt, rituels des enterrements) et les citations en vietnamien sont fréquentes dans le livre. Ainsi Nguyen Hoai Huong s’inscrit dans la lignée des poètes-écrivains vietnamiens de langue française, tels  Pham Quynh, Nguyen Tien Lang, Pham Duy Khiêm (Légendes terres sereines) au vingtième siècle et plus récemment le poète et astrophysicien Trinh Xuan Thuan (« Le cosmos et le lotus »)

Mais, ancienne étudiante d’université en France, elle n’oublie pas les règles de la tragédie classique : unité d’action, unité de lieu (toute l’action se passe essentiellement au Tonkin) et unité de temps (tout se passe en quelques mois). Et les deux personnages, dans leur quête d’absolu sont condamnés à un destin tragique, comme les héros d’Euripide ou de Racine, et poursuivis par des dieux aussi impitoyables que les dieux de la mythologie grecque.

PF août 2013

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